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L'ELEPHANT :

 

 

QUELQUES GENERALITES sur Les Eléphants :

 

Photos : QGE 001 – 002 - 003

 

 

Pour le commun des mortels, un éléphant est un éléphant, point.

 

Mais dans les faits c’est un peu plus compliqué. Un éléphant, comme tout individu, s’inscrit dans une lignée catégorielle qui lui est propre, créée par des scientifiques.

 

Sans entrer dans les détails, cette lignée passe par une case nommée famille, à savoir celle des “Eléphantidés” ou “Eléphantidae”.

 

 

L’Origine du mot éléphant :

 

Le mot éléphant viendrait du latin éléphas ou éléphantus, des mots qui eux-mêmes descendraient du grec éléphas (ἐλέφας) éléphantos qui à l’origine désignait tout autant l’animal que son ivoire. Il en allait de même en Egypte dont les scribes n’employaient qu’un hiéroglyphe pour symboliser les deux concepts.

Quant au mot grec “éléphas” ce serait une déformation du mot hébreux “Eleph” ou “Aleph” qui sert à désigner tout à la fois la lettre A et le bœuf et le taureau. A noter au passage que la lettre “aleph” aurait la forme d’une tête de taureau. (א)

 

Le petit plus : Le mot “olifant” qui apparaît dans “la chanson de Roland” et qui n’est autre qu’un instrument à vent fait d’une défense d’éléphant, vient du terme ... éléphant.

 

 

Les genres de la famille des “Eléphantidés” ou “Eléphantidae” :

 

Cette famille, dont les individus sont les plus imposants du monde, se compose de trois genres :

 

1/ le genre “Mammouths” ou “Mammuthus”

2/ le genre “Loxodonta” qui rassemble les éléphants originaires d’Afrique.

3/ le genre “Elephas” qui concerne les éléphants originaires d’Asie.

 

 

 

1/ Le genre “Mammouths” : 

Les individus de ce premier genre, qui étaient particulièrement adaptés au froid, ont disparu de notre monde voici quelques 10 à 15.000 ans. Tout ce qu’il nous reste d’eux, ce sont des ossements. 

Le genre “Mammuthus” ne manque pas d’espèces, mais aucune n’est l’ancêtre des deux autres genres. 

Ce genre, pourrait-on dire, est un genre cousin des deux autres.

 

2/ Le genre “Loxodonta” :

Le genre “Loxodonta” regroupe deux espèces d’éléphants dont la particularité commune est de vivre sur le continent africain. Il y a d’une part l’éléphant de la savane et d’autre part l’éléphant de la forêt.

 

L’éléphant de savane appartient à l’espèce “Loxodonta africana” une espèce décrite par l’anthropologue et biologiste allemand Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840). 

Ces sont des éléphants qui peuvent atteindre une taille de 3 mètres et peser jusqu’à six tonnes. 

                                                       

L’éléphant de forêt forme l’espèce “Loxodonta cyclotis” une espèce décrite par le zoologiste allemand Georg Friedrich Paul Matschie (1861-1926).

Ce sont des éléphants qui peuvent atteindre 3 mètres 50 et peser jusqu’à cinq tonnes.

 

Nota bene : D’après les Hottentots, un peuple pasteur nomade d’Afrique australe, aujourd’hui sédentarisé, il y aurait une espèce d’éléphants différente des autres dont les individus seraient sans défenses, et que les Hottentots désignent sous le nom de : ‘’Koes-cops‘’ ?!...  

 

Par ailleurs tout donne à penser, mais ce n’est qu’une suggestion, que les éléphants dits d’Afrique du Nord, ceux utilisés par Hannibal et qui aujourd’hui ont disparu, seraient peut-être une espèce propre aux régions qui longent les côtes de la méditerranée et de la mer rouge, une bande de terre qui partirait du Maroc pour aboutir en Ethiopie  ?!.... 

 

Toujours est-il que l’évêque de Séville, Isidore de Séville ou Isodorus Hispalensis (vers 560/70-636) un grand érudit du VIIe siècle, écrit que cette espèce d’éléphants vivait encore au Maroc au VIIe siècle ?!...   

 

3/ le genre “Elephas” se rapporte aux éléphants d’Asie qui ne compte aujourd’hui qu’une seule espèce vivante, l’espèce “maximus”, d’où l’Elephas maximus Linnaeus, (1758). 

 

Mais … une douzaine d’espèces se seraient éteintes ?!...

 

A défaut d’une variété ou d’espèces, il existe des sous-espèces qui différencient les éléphants en fonction de leur lieu d’origine : Bornéo, Birmanie, Inde, Malaisie, Sri Lanka et Sumatra.

 

Certains spécialistes écrivent que les éléphants Birmans seraient les plus beaux et, sans conteste tant par rapport aux éléphants de l’Hindoustan, du Bengale, de Ceylan et même … du Siam. Je donne l’information, sous toute réserve et sans connaître l’origine des auteurs, qui peut-être sont … Birmans. Mais cet avis recoupe d’autres informations qui confirmeraient cette … forme de supériorité ! …

 

Nota bene : 

 

En Inde il existe de nombreuses classifications pour différencier les éléphants. 

 

Ainsi par exemple ceux dont les défenses sont droites et pointent vers le bas sont désignés sous le terme de ‘’mouknah‘’. En général, la pointe des défenses des éléphants s’élève vers le ciel.  

 

Il existe aussi deux grandes castes :

1/ la caste des ‘’Coomareah‘’, dont les individus possèdent une large trompe, de courtes jambes et dont le corps, trapu et massif développe une grande puissance musculaire.

2/ La caste des ‘’merghee‘’, dont les individus ont une trompe moins grosse que les précédents mais des jambes plus longues, ce qui leur donne une taille plus haute, leur permet de courir plus vite, mais … sans leur donner la force des individus de la première caste !...

 

Outre ces deux castes les indiens ont aussi classifié les éléphants par rapport à leur hauteur, leurs proportions et leurs formes.

- La première classe porte le nom de ‘’Koomeriah‘’ c’est la classe royale.

- Le deuxième classe, dite intermédiaire, est désignée par le nom de ‘’Dwásala‘’ et compterait 70 % des individus.

- La troisième classe, nommée ‘’Murga‘’ ou ‘’Meergas‘’ concerne les éléphants qui, comme le cerf sont élancés et les plus rapides que tous.

 

Enfin, ou presque ?... car il y en a peut-être d’autres, par exemple, entre les mâles il est fait une distinction entre les ‘’Tusker‘’ à l’allure altière choisis pour les parades et les ‘’Musknas‘’ dont l’allure reste des plus communes.    

 

 

Au Cambodge, dont les éléphants viendraient de l’Inde, il y aurait … deux variétés ou sous-espèces d’éléphants dont le nom est, là encore, attaché à leur habitat.

1/ - L’éléphant de monts dits ‘’ṭaṃri bhnaṃ‘’, qui serait identique à la sous-espèce ‘’Indus‘’ du nord de l’Inde.

2/ - L’éléphant de marais (ṭaṃri ranām), ou de roseaux (ṭaṃri traeṅ), ou encore d’eau (ṭaṃri dik) qui seraient un peu plus petits que les précédents et qui auraient des yeux différents. Pour ces raisons deux hypothèses sont envisagées. Pour les uns il s’agirait d’éléphants de monts qui auraient subi des mutations au cours des siècles et pour les autres des éléphants importés de Sumatra, il y a quelques siècles et qui auraient … proliféré ?!...

 

Ces éléphants d’Asie atteignent jusqu’à 2 mètres 70 et pèsent en moyenne 4 tonnes pour les mâles. 

 

L’exception à la règle est un éléphant indien qui en 1924 pesait 8 tonnes, mesurait 3,35 m. au garrot et 8,06 m. de long ?!...

 

 

 

Quelques caractéristiques plus ou moins communes aux éléphants : 

 

La durée de vie d’un éléphant est environ de 60 à 70 ans, voire 80. Le mâle est pubère jusqu’à l’âge de 25 à 30 ans, et la femelle devient féconde vers 30/35 ans. Elle est en mesure d’avoir 4 ou 5 portées espacées de 3 ou 4 ans. En générale elle met bas, après 22 mois de gestation, d’un seul éléphanteau, mais il arrive qu’elle donne naissance à des jumeaux voire des triplés, ce qui est rare mais … ce qui peut s’accomplir. (1)

 

A sa naissance un éléphanteau pèse une centaine de kilos, grossit d’une vingtaine par an et va téter sa mère deux ans durant. A l’âge adulte il va boire entre 80 et 140 litres d’eau par jour, manger entre 150 à 300 kilos de végétaux, et déféquer environ 20 kilos de crottin.

 

La trompe dont le poids moyen varie autour de cent kilos n’est qu’une masse de ... 100.000 à 150.000 muscles sans le moindre os. Elle mesure entre 1,30 mètre et 1,60 et son extrémité se termine par une espèce de … ‘’petit doigt‘’ dont la mobilité lui permet de ramasser de petits objets, y compris de fermer une porte … à clef. La trompe de l’éléphant d’Afrique a … deux doigts.

 

Les défenses correspondent aux incisives supérieures, ce sont donc des dents, et poussent de 10 centimètres par an. La défense la plus impressionnante connue de par le monde, appartenait à un éléphant africain. Cette dernière mesurait … 3,10 mètres et pesait …103 kilos. 

 

Comme l’être humain, l’éléphant peut être gaucher ou droitier, pour connaître son aptitude il suffit de l’observer pour savoir quelle est la défense dont il se sert en priorité et le plus couramment.

 

Le poids d’une molaire pèse quant à elle environ 5 kilos. (2) Il est vrai que la tête oscille entre 50/55 kilos voire 80 et, que la cervelle pèse autour de … 7 kilos.

 

 

 

Conclusion : Ce qui différencie l’éléphant africain de l’éléphant Asiatique c’est tout d’abord la taille. Les éléphants d’Asie sont plus petits que ceux d’Afrique, et dotés de petites oreilles. L’extrémité de leur trompe n’a qu’une lèvre alors que celle d’un éléphant africain en a deux.

 

L’éléphant asiatique a aussi deux proéminences au-dessus du crâne que n’a pas l’éléphant africain et son dos est arrondi alors que celui de l’Africain forme un creux. 

 

Enfin les éléphants d’Asie sont, pour les mâles, démunis de défenses pour environ 40% d’entre eux. Quant aux femelles, elles n’ont seulement qu’une double tubérosité ou moignon qui ne dépasse guère la lèvre supérieure. Il se dit que les femelles dotées de défenses seraient méchantes et dans l’incapacité de mettre bas. 

 

Une devinette pour conclure ce chapitre : A votre avis, combien de fois retrouve-t-on la longueur de la circonférence du pied d’un éléphant dans sa hauteur ?... 

 

La réponse : Si vous n’avez pas trouvé : deux fois. Autrement écrit si l’éléphant mesure deux mètres de haut, la circonférence de son pied est … d’un mètre ! … 

 

 

(1) Le directeur de la Bornéo, Monsieur Macfie () un exploitant en bois de teck au Lanna, a communiqué à la Siam Society courant 1914 (Vol.1) qu’il était né dans son exploitation, le 27 octobre 1913, d’une même mère âgée alors d’environ 25 ans, 3 éléphanteaux mâles dont un mort-né. Les deux autres, dont l’un normal et l’autre très petit survécurent jusqu’au 8 novembre pour l’un et 9 novembre pour l’autre. Monsieur Macfie précise que tout avait été fait pour nourrir les deux survivants mais que leur mère, dont c’était la première portée, s’en désintéressait et les écartaient de son chemin.

Un an ou deux plus tôt dans le district de Muang Phrae (เมืองแพร่) au sein de la ‘’Trading Corporation‘’ naquirent des jumeaux.

(2) Les molaires étaient sciées sous forme de plaques, et sur celles-ci des peintres réalisaient des miniatures.        

 

Photos : QGE 004 – 005 – 006

 

Photo 1 : Un éléphant des forêts ou des monts dit “Loxodonta cyclotis”.

Photo 2 : Un éléphant de savane dit “Loxodonta africana”. Celui-ci a été pris dans la réserve de Chobe qui se situe dans le nord du Botswana. (Photo de Colors Of WildLife ou le forum des grands espaces sauvages africains – 2006).

Photo 3 : Une lithographie d’un éléphant d’Asie dit ‘’Elephas maximus‘’, âgé de quatre ans.

 

 

La domestication de l’éléphant :

 

Alors que l’éléphant d’Afrique a la réputation de ne pas se laisser apprivoiser, (1) celui d’Asie a été soumis depuis des millénaires. Cependant il convient d’apporter un bémol ; lors de la colonisation du Congo par les Belges, vers 1870, certains colons ont créé des fermes d’éléphants où les pachydermes étaient élevés … ‘’dressés‘’ et avec lesquels ‘’d’excellents’’ résultats auraient été obtenus ?!....

 

En 1899, le roi des Belges Léopold II (1835-1909) demanda au commandant Jules-Henri Laplume (1866-1929) de tenter la domestication d’éléphants africains. Ce dernier, répondant à la demande royale, alla s’établir au confluent de l’Uele – aujourd’hui Ouélé - et du Bomokandi, et, en septembre 1902 il réussit à constituer un troupeau de 8 individus, composé de trois mâles et de cinq femelles, en 1907 son cheptel compta … 55 éléphants. Puis vint la 1ère guerre mondiale et son décès. (2)

 

En 1926, fort de cette expérience, le lieutenant-colonel Pierre Paul Marie Offermann (1897-1970), repris le flambeau et créa dans le district de ‘’Kibali-Ituri‘’, toujours au Congo belge, aujourd’hui appelé ‘’République Démocratique du Congo‘’ ou ‘’RDC‘’, la station de domestication de ‘’Gangala-na-Bodio‘’ où nombre d’éléphants furent domestiqués. Ces animaux étaient alors loués à des planteurs pour débarder les bois en forêts, et transporter les récoltes de café et de coton. Certains furent même attelés à des charrues.

 

Dans ces stations, contrairement aux croyances de non-reproduction en captivité, naquirent des éléphanteaux ?!...

 

 

Du côté Français, malgré les encouragements du … ‘’père des Eléphants’’, l’explorateur Paul Bourdarie (1864-1950) (3) qui fût à l’origine de nombreux projets en direction de l’Afrique, l’administration Française et ses colons se sont abstenus de vouloir domestiquer les éléphants d’Afrique.

 

Autrement écrit, les Belges furent les seuls coloniaux à avoir domestiqué l’éléphant d’Afrique.

 

 

(1) A l’époque du royaume de Numidie (300 av JC – 46 av JC) qui couvrait alors le nord de l’Algérie, les rois numides Massinissa (238/40-148 av JC) et Jugurtha (160-104 av JC) vendaient des éléphants domestiqués aux Carthaginois. Ce qui signifie qu’ils devaient les capturer et les dresser. Mais … peut-être s’agissait-il d’une race africaine différente des races que nous connaissons aujourd’hui ?!...

(2) Jules-Henri Laplume avant d’ouvrir sa station de domestication est allé observer pendant deux mois un éléphanteau domestiqué qui vivait à la mission apostolique Sainte Anne du Fernan-Vaz ‘’ au Congo. 

 (3) Paul Bourdarie dit le ‘’père des éléphants‘’ avait alerté en son temps les autorités Françaises du risque de la disparition des éléphants en raison de l’intensité des chasses. En Mars 1889 un texte fut publié réglementant ces chasses. En mai 1906, soit 17 ans plus tard … dans un rapport de Monsieur Emile Gentil, (1866-1914) commissaire Général du Congo de 1904 à 1908, au ministre des Colonies, Monsieur Etienne Clémentel (1864-1936) il était écrit que la transaction d’Ivoire avait augmenté de 60% par rapport à l’année précédente, mais … sans dire de combien depuis 1889 ?!....  

 

Photos : QGE 007 – 008 – 009 

 

Photo 1 : Le mémorial du Belge Jules-Henri Laplume (1866-1929) érigé en son village natal de Slam. Il est l’œuvre du sculpteur Lillois Georges Petit (1879-1958). Laplume est le tout premier colonial à avoir domestiqué des éléphants d’Afrique. Il a écrit sur ce sujet de deux ouvrages ‘’Le dressage et la capture des éléphants‘’ (1903) et ‘’La domestication des éléphants‘’ (1912). 

Photo 2 : Des coloniaux belges assis sur une charrue tirée par … un éléphant africain.

Photo 3 : Un sceau gravé d’un éléphant trouvé dans les ruines de Mohenjo-Daro, l’une des villes de la civilisation Harappéenne qui s’est développée, voilà plus de 5.000 ans dans la vallée de l’Indus. Mohenjo-Daro se trouve aujourd’hui au Pakistan.

 

 

Si les Africains n’ont pas cherché à domestiquer leurs éléphants, sans doute pour des raisons culturelles qui leur sont propres, (1) cinq mille ans avant notre ère, dans la vallée de l’Indus, où s’est développée la civilisation “Harappéenne”, l’éléphant était un précieux auxiliaire pour l’homme. 

 

Ainsi, à Mohenjo-Daro, l’une des anciennes villes de cette vallée de l’Indus, il a été découvert des peintures montrant des éléphants de guerre sur un champ de bataille, des sceaux porteurs d’éléphant. A Nausharo, une autre ville de la vallée de l'Indus près de celle de Mehrgarh, une tête d’éléphant en terre cuite d’une facture particulièrement soignée témoigne de la place de l'éléphant dans la vie de ces gens, voire dans leur art ? ...

 

(1) Le Mahatma Gandhi (1869-1948) disait : ‘’On juge du degré de la civilisation d’un peuple à la manière dont il traite les animaux‘’. Concernant la non domestication des éléphants d’Afrique, l’écrivain américain Thomas Mayne Reid (1818-1883) fait dire à Hendrik Von Bloom, un fermier du Cap (Afrique du Sud) dans son livre ‘’Les enfants des bois‘’ : ‘’Si l’éléphant africain n’a pas été dressé, c’est uniquement parce qu’aucune nation de l’Afrique moderne n’est arrivée à un degré de civilisation assez avancé pour tirer parti des qualités de ce précieux quadrupède‘’. Il poursuit …‘’ la meilleure preuve de ce que nous avançons, c’est que la domestication de l’éléphant d’Afrique avait pris jadis un développement immense ; ceux de l’armée carthaginoise appartenaient à l’espèce africaine‘’.

 

Photos : QGE 010 - 011 – 012  

 

       Quelques représentations d’éléphants, témoins des siècles lointains :

Photo 1 :  Une gravure rupestre préhistorique d’âge néolithique, d’environ 9.000 ans, d’un éléphant. Elle a été découverte sur les pentes de l’Atlas Saharien, à Oued el Hesbaïa à Djelfa en Algérie, vers 1914.

Photo 2 : Une tête d’éléphant en terre cuite, véritable œuvre d’art, ‘’ …d’une taille peu courante et d’une facture particulièrement soignée … ‘’ souligne l’article qui lui est consacré dans ‘’Persée’’, trouvée dans la ville de Nausharo, près du site de Mehrgarh, dans la vallée de l’Indus. Nausharo se trouve aujourd’hui au Pakistan. (Photo de Catherine Jarrigue parue dans ‘’Persée‘’).

Photo 3 :  Mosaïque représentant un éléphant, vraisemblablement du genre ‘’Loxodonta africana pharaoensis’’, une espèce aujourd’hui disparue, excavée dans la maison d’Ikarios, appelée aussi Laberii, une habitation romaine située dans la ville d’Uthina, aujourd’hui Oudhna, en Tunisie à environ 30 kilomètres de Tunis. Le complexe avait été construit au profit des vétérans de la XIIIe légion au tout début du Ier siècle de notre ère. Ces mosaïques, datant du IIe siècle ont été restaurées lors du IIIe et IVe siècle.

 

 

Dans le "Mahābhārata", ou la "grande geste des  Bhārata", qui appartient à la mythologie Hindoue, il est fait état de la lutte entre deux branches d'une même famille royale, les Pandava et les Kaurava. Dans les armées de ces derniers figurent, et en première ligne des ... éléphants, mais ... des éléphants de guerre. Les événements dont il est question se seraient déroulés il y a ... environ ... 2.200 ans avant notre ère.

 

Moins éloignée dans le temps, la littérature indienne fait état de la domestication de l'éléphant, c’est le cas des Vedas (1500-900 av JC), du temps du Védisme, des Rig-Vedas (1200 av JC) et des Upanishads (900-500 av JC) qui marquent la chute des dieux Védiques en faveur de ceux du Brahmanisme et en particulier de Brahma, Vishnu et Shiva les trois dieux de la Trimurti. 

 

Plus proche de nous, l'historien et diplomate Mégasthene (340-282 av. JC), le géographe Strabon (vers 63-25 av JC), et le Byzantin Photius (vers 820-895 ?), pour ne citer qu'eux, car il y en a d’autres, se sont intéressés aux pachydermes au point de leur consacrer quelques chapitres dans quelques-uns de leurs ouvrages.

 

 

Des traités, beaucoup plus complets, parce uniquement consacrés aux éléphants, ont aussi été rédigés, toujours par des indiens.

 

L'un des tout premiers, écrit en sanscrit, le Gajaśāstra c'est-à-dire le ''traité sur les éléphants'', aurait été composé entre le VIe et Ve siècle av. JC., par le sage Pālakāpya. (1) Un homme qui aurait grandi et vécu au milieu des éléphants et qui est considéré comme étant à l'origine de la science de la connaissance sur les éléphants, ce qui fait dire à certains qu'il est "le fondateur de l'éléphantologie scientifique''.

 

L’Hastyāyurveda (Médecine des éléphants) écrit aussi en sanscrit, et dont on retrouve quelques extraits dans des traités beaucoup plus tardifs, serait aussi du sage Pālakāpya. Mais !... certains auteurs présument que l’ouvrage daterait du XIIIe siècle ?!... Il ne serait donc pas du sage Pālakāpya ?!...

 

 

Alors que le Gajaśāstra est un manuel quasi complet, qui passe en revue tout ce qui a trait à l'éléphant, il y a des traités plus spécialisés, comme l’Hastividyārnava, (2) qui n'aborde qu'un sujet, à savoir celui de la domestication des éléphants.

 

Cet Hastividyārnava dont le roi de l'Assam, Ahom Sutanphaa (Siba Singh ou Shiva Singh) (1714-1744) et sa deuxième épouse Ambika Devi seraient les auteurs et Dosai et Dilbar les illustrateurs, daterait de 1734. Il était destiné aux rois Ahoms. 

 

Rédigé en sanscrit, il contient quelques mots en vieil Assamais, en Taï-ahom (3) et en persan. Il n'est pas improbable que ce traité ait été inspiré d'un ouvrage de la même époque, mais quelque peu antérieur, à savoir le "Gajendra Cintāmani" de Śambhūnātha ? ...

 

Il est aussi souvent question du "Mātanga-līlā" (4) de Nīlakaṇṭha, un petit traité sur les éléphants de 236 stances divisées en douze chapitres (pamalas) et écrit en vers (Anusmåbh). Ce traité, d'après son traducteur, l'américain Franklin Edgerton (1885-1963) professeur de sanscrit, serait "la meilleure des œuvres en sanscrit disponible sur l'éléphantologie". 

 

En résumé, la science des éléphants, ou gajaśiksā en sanskrit, était l'une des ... "disciplines" ... incontournable et indissociable de l'éducation classique des princes indiens dignes de leur titulature.

 

Le grand Moghol Akbar (1542-1556-1605), l’un des deux plus grands souverains de l’Inde, s’est intéressé lui aussi aux éléphants, il a même mis au point un type de capture, (Vol. I – p. 127-129), qui lui est propre et qui sera rapportée dans cette chronique. Sa dissertation, en persan, et en trois volumes a été traduite par l’anglais Francis Gladwin (1744-1812) en 1777. Elle est parue sous le titre : ‘’Ayeen Akbery‘’, or ‘’The Institutes of the Emperor Akber‘’. (Les Institutions de l’empereur Akbar – Jalāluddin Muhammad Akbar).

 

 

La littérature dont il vient d’être fait référence ci-dessus n'a d'autre objet que de démontrer que, depuis plus de cinq mille ans et peut-être bien avant, l’éléphant servit à l'homme, de nourriture, de moyen de transport, d’engin de guerre, de bourreau, de bête de somme, de machine forestière mais aussi … de monture princière et … de porte-bonheur ?!...

 

 

(1) le Gajaśāstra est un traité sous forme de dialogue entre le Sage Pālakāpya et le roi du pays Anga. Les mythes sur l'origine du sage et sur la magie de sa naissance y sont abordés ainsi que ... les caractéristiques des éléphants, leurs modes de capture, les soins à leur apporter après capture etcetera ... etcetera  ... 

(2) l’Hastividyārnavaun se traduirait par ''Océan de connaissances sur les éléphants'' 

(3) Les Âhoms, de langue Thaïe étaient à l'origine des Shans animistes descendus de Birmanie. Ils fondent d’abord le royaume de Kamarupa vers le XIIIe siècle et se convertissent à l'Hindouisme au cours du XVe siècle. Ahom Sutanphaa (Siba Singh ou Shiva Singh) (1714-1744) fut le 33ème raja de ce royaume dont la dynastie prendra fin en 1824 avec l'installation du représentant Britannique George Mc Morine. Dans les faits, l'Assam en tant que telle perdurera jusqu'en octobre 1838. 

(4) Le Mātanga-līlā (5) est un traité écrit en sanscrit par un certain Nîlakantha dont on ignore tout. Comme le manuscrit, a été composé sur feuilles de palmier, et retrouvé dans la province du Kérala (Inde) on suppose que Nîlakantha était originaire du Kérala, mais rien n’est moins sûr.

Ce Mātanga-līlā, a vraisemblablement été rédigé au cours du XVIIIe siècle. Il informe son lecteur sur l'art ou la science se rapportant aux éléphants depuis plus d'un millénaire et aussi sur l'art et la manière de se conduire envers les éléphants.

Sa première édition, faite par Gaṇapati Śāstrī, a été publiée à l'intérieur d'un ouvrage intitulé "Trivandrum sanskrit série" paru en 1910. La traduction anglaise de Franklin Edgerton date de 1931.

(5) Mātanga-līlā se compose de deux mots, Mātanga qui vient du pali Mātangajo ou Mātango deux mots qui servent à désigner l'éléphant et, līlā qui se traduit en anglais par play, sport et dalliance, qui en français donnent badinage, flirt, plaisanter et s'amuser.

Autrement écrit, donner comme traduction française de Mātanga-līlā, "Elephant-sport" ne signifie rien. Alors qu’en prenant en considération la correspondance française avec certains mots anglais, en français, "badinage avec l'éléphant" conviendrait mieux. Ce titre sous-entend qu'il doit y avoir entre l'homme et l'éléphant une harmonie complice, et non un rapport de force. Le sport, en français, est souvent synonyme de performance à atteindre au prix de nombreux efforts, ce qui ne doit pas être le cas avec l’éléphant ?!....

 

  

Photos : QGE 013 - 014 – 015

 

Photo 1 : Une lithographie d’un éléphant mâle d’Asie.

Photo 2 : ‘’The elephant-lore of Hindus‘’ une traduction du Mātanga-līlā l'un des meilleurs traités sur l'art de éléphants traduit du sanskrit par l’américain Franklin Edgerton (1885-1963)

Photo 3 :  Un portrait du professeur américain de sanscrit Franklin Edgerton (1885-1963) traducteur du Mātanga-līlā, un traité concernant l’art et les techniques à développer vis-à-vis des éléphants. 

 

 

Comment l’éléphant est-il devenu un auxiliaire de l’homme ?...

 

 

L’homme a d’abord été un cueilleur chasseur et ...

                                                                   ... mangeur d’éléphant :

 

A l’origine l’homme vivait en communauté et en nomade. C’était un chasseur cueilleur. La chair de l’éléphant étant comestible il ne s’en priva pas lorsque l’occasion lui en était offerte ; et à défaut d’occasion il en créa.

 

XVIIIe – XIXe siècle :

 

Il n’y a pas si longtemps les tribus Stiengs du Laos, ou Hmongs d’Annam établis sur le Mékong et ses affluents, chassaient les éléphants pour en manger les parties délicates, et vendre leurs défenses sur les marchés de Moulmein, aujourd’hui appelé Mawlamyine et de Rangoun, deux villes Birmanes.

 

L’abbé Similien Chevillard (1843-1906) précise que cette chasse (1) se faisait au moyen de flèches empoisonnées ou ‘’d’une cheville en cuir de buffle durci au feu et au soleil’’ que les chasseurs, mettant à profit un moment d’inattention de l’animal, coinçaient entre la chair et le sabot d’une patte arrière. Après quelques jours la cheville gonflait, une plaie apparaissait et s’envenimait. Alors l’animal ne pouvant plus marcher se couchait et se laissait mourir. Les chasseurs qui le pistaient des jours durant, n’avaient plus qu’à dépecer leur proie. 

 

Un éléphant pour se nourrir peut parcourir jusqu’à 80 à 100 kilomètres par jour. C’est dire combien les chasseurs devaient s’armer … d’armes mais aussi … de patience ?!...

 

 

Au neuvième siècle Photios (vers 820-895 ?) (En grec : Φώτιος /Phốtios) ou en latin Photius 1er, patriarche de Constantinople à deux reprises et homme politique Byzantin, dans l’un de ses ‘’codices‘’ (2) relate trois modes opératoires, pratiqués par des chasseurs de tributs installés dans les environs du fleuve Astabaras (3), pour se mourir de la chair d’éléphant, vivant dans les parages.

 

Plus près de nous l’explorateur écossais James Bruce (1730-1794) décrit comment procédaient, en Abyssinie aujourd’hui l’Ethiopie, des hommes à cheval appelés ‘’agagéers‘’, c’est-à-dire coupe-jarrets, pour tuer des éléphants, au risque de leur vie, dans un but alimentaire.

 

(1) : La chasse aux animaux sauvages en cette région, donc aux éléphants, a été interdite à grande échelle vers 1930 et définitivement pour la chasse individuelle en 1992. 

(2) : Il s’agit du 279ème et avant dernier codice, un mot qui peut se traduire par chapitre, extrait du dernier Tome, le 8ème ou figurent les 23 derniers codices (257 à 280). Dans ce chapitre Photius reprend un récit du grammairien, géographe et historien grec ‘’Agatharchide de Cnide‘’ (vers 190 av JC - ?...) (Ἀγάθαρχος) IIè siècle av. JC, que ce dernier avait intitulé ‘’Traité sur la mer rouge‘’, écrit entre 145 et 132 av. JC. 

(3) : Les tribus en question occupaient les rives de l’Astabaras un affluent du Nil qui traverse l’Ethiopie et la Libye.

 

 

IIe siècle avant JC.

 

1er mode : Des chasseurs armés d’une hache, du haut d’un arbre, guettaient le passage d’un éléphant. Au moment opportun l’un d’eux sautait sur l’animal s’agrippait et se cramponnait à sa queue et, tandis qu’avec un pied cet homme prenait appui sur la patte gauche du pachyderme, avec sa hache il s’attaquait avec furie au jarret droit pour en trancher les tendons.

Le chasseur était alors condamné à tuer l’éléphant s’il ne voulait pas mourir.

 

2ème mode : Trois hommes embusqués, armés d’arcs et de flèches empoisonnées d’un venin de serpent, attendaient leur proie. Lorsque cette dernière était à portée, ils lui décochaient une série de flèches en ne visant que le milieu du flanc de l’animal, un endroit où la peau est moins épaisse. Ce dernier, blessé finissait par s’écrouler, se débattre et mourir.

 

3ème mode : Après avoir observé qu’un éléphant avait pour habitude de s’appuyer sur un arbre après être repus, (1) comme pour faire une sieste, les chasseurs sciaient cet arbre à sa base pour qu’il se fracasse sous le poids de l’animal.

 

Le lendemain, sans méfiance, l’éléphant sacrifiait à son habitude et allait s’appuyer sur ‘’son‘’ arbre. De ce fait ses pattes les plus proches du tronc n’avait qu’un léger appui au sol et mettaient le pachyderme en déséquilibre. Alors lorsque le tronc se rompait comme prévu, déséquilibré l’éléphant se couchait sur son côté sans pouvoir se relever. Les chasseurs alors, n’avaient plus qu’à intervenir et à dépecer l’éléphant.

 

 

Il va de soi qu’il devait exister d’autres procédés de chasse qui sont aujourd’hui, tombés dans l’oubli. Ces exemples de chasse ne sont donnés que pour montrer que dans un premier temps l’éléphant n’a été … qu’un gibier.

 

(1) Les éléphants adultes, dont le poids ne leur facilite pas toujours l’existence, dorment souvent en s’appuyant sur un arbre ou sur un gros rocher, pour éviter d’avoir à se coucher et surtout, au réveil de peiner à se relever..

 

Photos : QGE 016 - 017 - 018 

 

Photo 1 : En Annam (Vietnam) un chasseur ‘’Stieng‘’, d’un village comme ceux décrit par l’abbé Similien Chevillard, chasse au moyen d’une arbalète. (Photo venant du site Belle Indochine)

Photo 2 : Une icône représentant Photius 1er, patriarche de Constantinople à deux reprises, homme politique Byzantin et historien.

Photo 3 : Vers 1920, en Cochinchine, un départ pour la chasse aux éléphants dans le village de Bandon (Buon Don).  Le produit des chasses était vendu aux Thaïs via le Laos. (Photo provenant du site Parissaïgon.blog)

 

 

L’homme est devenu sédentaire :

 

Avec le temps l’homme s’est sédentarisé. D’une économie de prédation (chasse-cueillette) il est passé à une économie de production. De ce fait il a cultivé la terre, et s’est trouvé dans l’obligation de protéger ses cultures de divers prédateurs, dont les éléphants, qu’il fallait chasser par tous les moyens, battues, vacarme au moyen de gongs, grosses cloches en bois (Tratok), branchages enflammés, pétards et que sais-je encore ?!...

 

Lorsque la panique s’emparait des troupeaux certains individus, comme les plus jeunes, étaient dans l’incapacité de suivre la harde et, surtout, de la réintégrer. Alors ils devenaient une proie facile, tant pour les félins que pour les hommes. Certains de ces éléphanteaux furent capturés pour être mangés, et d’autres trouvèrent leur salut dans la domestication.  

 

Les premières relations entre l’homme et l’éléphant ont dû s’amorcer de cette manière et non, comme le raconte un mythe fondateur, par le dressage d’un éléphant adulte. (1)

 

 

En prenant conscience des intérêts que l’homme pouvait tirer des éléphants, divers modes de capture firent leur apparition au cours des âges. 

 

Dans un premier temps il s’agissait de répondre à des besoins immédiats, puis très vite le commerce prit le pas sur le nécessaire, d’autant que l’acquisition d’un éléphant puis de plusieurs, confortait la puissance sociale, militaire et … politique d’une cité ou muang qui finissait par faire villages voisins … ses vassaux. 

 

Par ailleurs, la chasse était l’une des activités villageoises qui permettait à tous de distinguer le plus doué et le plus courageux des chasseurs et … d’entre eux. De nombreux rois khmers et Siamois furent de fameux chasseurs d’éléphants. 

 

 

(1) Le mythe fondateur :

 

Il existe plusieurs mythes fondateurs, qui se ressemblent plus ou moins. Alors j’en ai choisi un, que j’ai … résumé !...

 

Lorsque le Dieu Brahma créa l’univers il y eut parmi ses créations, deux éléphants d’exception, un mâle appelé ‘’Airavata‘’ et une femelle du nom d’Abhramu. Ce couple à la peau blanche, portaient alors quatre paires de défenses et des ailes ; d’origine divine et immortels ils vivaient parmi les dieux pour les protéger de l’arrivée des démons en scrutant l’horizon.

 

Certains dieux, voulant renforcer la surveillance du paradis céleste, demandèrent au créateur de nouveaux gardiens. Brahma les exauça et créa sept nouveaux couples d’éléphants, ce qui en faisait alors huit.

 

Chacun de ces couples reçu la mission de veiller sur une direction cardinale, ou inter cardinale du paradis céleste. Ces couples de gardiens furent alors désignés sous le nom de ‘’Ashatdikpalakas‘’ c’est-à-dire les huit gardiens des directions ‘’de l’univers‘’. (Ashta signifie huit, Kik ou Dig, points cardinaux ou directions, et palakas, gardiens.

 

Chaque éléphant devenait alors un ‘’Ashta Dikgaja‘’ ou ‘’Ashta Dik Gaja‘’, c’est-à-dire l’un des huit éléphants d’une direction. Gaja se traduit par éléphant mâle. Le terme désignant les huit éléphantes est : ‘’Astha Dik Karin‘’. (1)

 

 

Du fait de la présence des éléphants et de la qualité de leurs prestations les démons cessèrent d’importuner les dieux. Pour remercier les pachydermes Brahma leur accorda quelques privilèges qui très vite, utilisés à mauvais escient, firent naître quelques mécontentements au sein de la communauté des ascètes. 

 

Comme les éléphants n’entendaient pas renoncer à leurs espiègleries qui les amusaient beaucoup, les maîtres de la méditation, excédés, les expulsèrent du paradis céleste et, le Maha-Rishi Durvāsav les envoya vivre sur terre en les privant de leurs ailes et d’une paire de leurs défenses.

 

Dès que les éléphants posèrent le pied sur terre ils perdirent leur immortalité, et devinrent la proie de tous les maux sévissant sur terre. Alors, se sentant vulnérables, ils en appelèrent à Indra, le dieu de la guerre dont Airavata était le véhicule céleste, pour obtenir une protection en mesure de leur assurer un certain bien-être sur terre.

 

Pour accéder à leur demande Brahma crut bon de leur envoyer sa dernière création … une superbe aspara nommée ‘’Gunavati‘’.

 

La nouvelle venue ne fut pas du goût d’Indra qui lui donna tout aussitôt les traits d’une éléphante et la condamna à mettre au monde, après avoir absorbé le sperme du rishi Samagayana, un garçon avant de retourner auprès des dieux.

 

Alors, sous la forme d’une éléphante, Gunavati alla vivre dans une forêt tout près d’un ashram qui n’était autre que celui du rishi Samagayana.

 

Après mille ans d’existence, et conformément au dire d’Indra, Gunavati mit au monde un garçon, qu’elle abandonna tout aussitôt pour s’en retourner au paradis des dieux, en reprenant son aspect d’aspara.

 

L’enfant fut adopté par les éléphants et appelé Pālakāpya. Le bébé en grandissant parmi eux, apprit à les connaître et devint ainsi l’homme le plus apte à résoudre tous leurs problèmes.

 

L’un de ces problèmes, et non des moindres, fut les dégâts collatéraux occasionnés par la multiplication des éléphants aux cours des siècles et la crainte qu’ils avaient fini par inspirer aux humains. 

 

Ainsi, dans le royaume d’Anga, (2) le roi Romapāda, pour donner suite aux plaintes de ses sujets, fit capturer tous les éléphants de son royaume.

 

De ce fait, Pālakāpya, devenu entre-temps docteur des éléphants, alla plaider la cause de ses amis auprès du roi Romapāda. Ce dernier loin de rester insensible aux suppliques de Pālakāpya, libéra non seulement tous les éléphants mais entama un long dialogue avec Pālakāpya pour en savoir un peu plus au sujet des éléphants.

 

Cette conversation, sous forme de questions-réponses, donna naissance au livre le plus ancien sur la connaissance des éléphants, dont nous avons déjà parlé et qui porte le titre de : Hastyāyurveda [Médecine des éléphants – Hasty (éléphant) et āyurveda (médecine)]. La légende étant une légende, quelques spécialistes date ce livre du XIIIe siècle ?!... et Pālakāpya est devenu un être de légende !....

 

(1) Les éléphants gardiens des différentes directions, sont suivis par le nom des dieux qu’ils véhiculent, puis de leur consœur. L’orthographe des noms varie selon les auteurs et certaines éléphantes n’ont pas toujours le même partenaire selon les anciens textes.

Eléphant mâle (Le dieu dont ils sont le vāhana) & éléphante femelle

Airāvata (Indra) & Abhramu le couple gardien de l’Est.

Puṇḍarīka (Vahni) & Kapilā le couple gardien du Sud-Est.

Vāmana (Pitṛpati - Yama) & Piṅgalā le couple gardien du Sud.

Kumuda (Nairṛta) & Anupamā le couple gardien du Sud-Ouest.

Añjana (Varuṇa) & Thāmra-karṇī le couple gardiens de l’Ouest.

Puṣpadanta (Marut - Vāyu) & Śubhadantī les gardiens du Nord-Ouest.

Sārva-bhauma (Kubera) & Anganā le couple gardien du Nord.

Su-pratīka (Śiva) & Añjanavatī le couple gardien du Nord-Est.

(2) Le royaume d’Anga, dont la capitale était Champa ou Campā, était l’un des seize Mahâ-Janapadas du VIe siècle av. J.-C. Ce royaume du sous-continent Indien, d’après le Mahābhārata, se serait situé au nord du Bengale d’aujourd’hui.

 

 

Les différents types de capture :

 

1/ Capture à courre.

2/ Capture au moyen de fosses.

3/ Capture par encerclement.

4/ Capture par harponnage.

5/ Capture à l’enclos (Keddah).

 

 

Les instruments de chasse utilisés pour les différentes captures :

 

1/ Le lasso principal ou maître lasso. Il s’agit d’une corde tressée avec trois torons, longue de 25 à 30 qui sera passé autour de la patte de l’éléphant sauvage pour le capturer.

2/ Les deux lassos tressés au moyen de trois torons, d’un longueur (Brat Dam en Khmer).

L’un d’eux servira à attacher l’éléphant venant d’être capturé c’est le Brat Dam Kay. Ce dernier se compose de trois parties. La première sert a lié l’animal autour du cou, la seconde à l’attacher à un arbre et la troisième à relier entre elles les deux premières parties.

Le seconde sera utilisé pour emmener l’éléphant sauvage au village. Il est identique au Dam Kay mais ne mesure que trois coudées.

3/ La lanière de hissage qui sert a attacher l’éléphantUne partie va  

4/ deux cornes de buffles. 

 

Les captures :

 

1.- La capture à courre : (Mela Shikar)

 

La chasse à courre est vraisemblablement la plus ancienne chasse à l’éléphant. Lorsqu’elle a pris naissance elle était organisée par seulement quelques villageois. Il s’agissait alors de répondre à des besoins immédiats, comme se nourrir, voire doter le village d’un éléphant. 

 

Puis avec le temps l’activité de … ‘’survivance‘’ a pris un tour artisanal, parce que la capture de quelques éléphants concourrait à l’enrichissement des villages, et à leur développement. Ensuite, lors de l’apparition des petits royaumes, puis des grands, chaque village était redevable d’un certain nombre d’éléphants à leur souverain. 

 

A l’origine, le chasseur à courre était d’abord et avant tout un cueilleur forestier doublé d’un cultivateur de rizières, voire d’un écobuant sur brûlis. Il devait y avoir un ou deux chasseurs pour une agglomération de 60 âmes environ. 

 

En adoptant quelques éléphanteaux ces cueilleurs-cultivateurs découvrirent tout l’intérêt qu’ils pouvaient tirer de cet animal, en particulier celui de communiquer entre villages sans recourir aux voies fluviales, (1) et de mettre au service de l’homme sa force exceptionnelle.

 

De ce fait, la domestication de l’éléphant a favorisé la sédentarisation, a contribué au développement des villages et par voie de conséquence elle a amorcé la diminution de l’aire de liberté des éléphants sauvages.

   

En bref, la chasse à courre a donc d’abord été le fait de deux ou trois individus puis, avec son développement elle est devenue une pratique faisant appel à tous les hommes valides d’un village. 

 

Cette chasse à courre consiste à prendre au lasso, fixé sur un bâton, l’une des pattes arrières d’un éléphant sauvage qui a été attiré par la présence d’une ou de plusieurs femelles domestiquées, et ensuite de l’immobiliser au moyen de cordages. Cette méthode se pratiquait en Thaïlande de l’Est, au Cambodge et au Vietnam.

 

Au Népal, en Assam et en Birmanie du nord, le lasso était lancé pour prendre l’animal par le cou. 

 

En Inde cette pratique du lasso porte le nom de ‘’Mela Shikar‘’. 

 

 

(1) Jusqu’au XXe siècle, il n’existait pas d’infrastructure routière tant au Siam qu’en Thaïlande. La quasi-totalité des transports se faisait par voies fluviales. Cependant quelques rares caravanes marchandes de plus de mille ânes, conduites par des Hôs (Musulmans du Yunnan), relayaient de grosses agglomérations en empruntant des pistes.   

 

Photos : QGE 019 – 020 – 021 - 022

 

Photo 1 : Image d’une cérémonie pour se concilier les différents esprits, ceux de la forêt et des éléphants, avant de partir attraper un ou plusieurs éléphants sauvages. Ce rite appartient au mode de capture dit en thaï : ‘’Kanjap-Chang-pa‘’ (การจับ ช้างป่า) ou ‘’Phon-Chang‘’ (โพนช้าง)

Photo 2 : Un chasseur à dos d’éléphant tenant au bout d’une perche un lasso à introduire autour d’une patte arrière d’un éléphant sauvage. 

Photo 3 :  Un retour de chasse.

Photo 4 : Capture d’un éléphanteau sauvage au moyen d’un lasso. 

 

 

2.- La capture au moyen d’une fosse : (Pits)

 

2.1.- La capture au moyen d’une simple fosse :

 

 

La capture au moyen d’une fosse est aussi, vraisemblablement, une capture qui remonte à la nuit des temps, tout du moins depuis que l’homme s’est intéressé à la capture ou à l’obligation de protéger ses cultures des incursions d’éléphants solitaires.

 

Cette capture au moyen d’une fosse consiste à creuser un trou suffisamment conséquent pour contenir un éléphant mais d’où ce dernier ne pourra s’extraire de lui-même. 

 

Ensuite, la fosse est recouverte de feuillages pour la dissimuler, et les chasseurs n’ont plus qu’à attendre qu'un pachyderme tombe à l'intérieur en espérant que l'animal ne se blesse pas lors de sa chute. Souvent le fond de la fosse était tapissé de feuilles et de branchages pour, précisément, amortir cette chute.

 

En général les chasseurs repéraient un lieu de passage d’éléphants pour creuser leur fosse. Mais la fosse pouvait être creusée en dehors d’un lieu fréquenté par les pachydermes. Alors dans ce dernier cas, quelques rabatteurs étaient chargés de diriger un ou plusieurs éléphants vers le piège.

 

 

Parfois l’éléphant se laissait piéger par gourmandise, car les éléphants ont un faible pour tout ce qui est sucré, dont le fruit du Tamarinier. 

 

De ce fait les chasseurs confectionnaient des appâts composés de fruits du tamarinier et de cannabis. Ces gourmandises particulières, sous forme de boule végétale, étaient ensuite déposées par intervalle régulier sur un chemin conduisant à la fosse. Il suffisait alors d’attirer un éléphant sauvage avec une ou plusieurs de ces gâteries, pour le mettre sur le … ‘’bon‘’ … chemin. Le gourmand, se faisait d’autant mieux piégé, qu’il arrivait non loin de la fosse en état d’ébriété à cause du cannabis, et de ce fait il était incapable de la moindre méfiance.   

 

 

Ce type de capture a d’abord été le fait de villageois, puis avec le temps la technique s’est développée en creusant un large et long fossé pour tenter d’en piéger plusieurs à la fois, sans risquer de blesser les captifs.

 

Puis lorsque la prise de quelques éléphants ne suffisait pas, et que les chasseurs cherchaient à piéger carrément toute une harde, la capture au moyen d’une fosse a pris d’autres dimensions.

 

 

2.2.- La capture au moyen d’un long fossé :

 

La capture au moyen d’un long fossé n’était qu’un développement de la capture au moyen d’une fosse, à la différence que le fossé n’était pas creusé pour piéger un éléphant, mais une harde. Voyons comment.

 

Les chasseurs ou les commanditaires choisissaient un emplacement à découvert d'environ 150 à 300 mètres de côté. Puis sur le périmètre de l’aire déterminée, un fossé était creusé, suffisamment profond et suffisamment large pour qu’un éléphant ne puisse pas le franchir ; et avec la terre extraite du fossé un mur était élevé sur le pourtour extérieur du fossé. Dans ce mur des caches humaines étaient aménagées.  

 

Ensuite un pont, très étroit mais très solide et rapidement démontable, était construit pour accéder à l’aire cernée par le fossé. Ce pont, camouflé par des herbes, était alors le seul et unique passage pour entrer dans le piège.

 

Ce dispositif étant prêt, il était introduit quelques femelles apprivoisées en chaleur ; ce qui signifie qu’en général, ce genre de dispositif n’était créé qu’en Mars ou octobre, les deux mois correspondant aux périodes des fureurs utérines des éléphantes. 

 

Cela fait, les chasseurs allaient se cacher dans des cahutes alentours ou dans les caches aménagées dans le mur de terre, pour guetter l’arrivée des éléphants sauvages qui n’avait lieu que durant la nuit. Les éléphants vivent plutôt la nuit que le jour.

 

Lorsque les éléphants sauvages de la harde avaient tous pénétré dans le piège, le pont était démonté pour empêcher leur fuite, et ainsi les laisser jeûner, de faim et de soif, durant quelques jours afin de les affaiblir et de les rendre moins enclin à se défendre lors de leur capture et de leur saucissonnage au moyen de gros cordages.

 

Le moment venu, le pont était reconstruit pour laisser entrer dans l’enclos des éléphants domestiques montés par des cornacs sans peur qui allaient s’employer à immobiliser, au moyen de cordes, quelques éléphants sauvages choisis parmi le troupeau, voire toute la harde.

 

Les éléphants prisonniers des cordes, étaient ensuite ‘’battus‘’ sur l’ordre des cornacs par les éléphants domestiques, jusqu’à ce qu’ils tombassent au sol sans pouvoir se relever.

 

Au sol des lanières en cuir de bœuf leur étaient passés autour du cou et sur une incision faite au préalable, afin qu’en étant tiré par leur congénères apprivoisés, la souffrance causée par la lanière sur l’incision les empêchât de se révolter et les conduisît à se laisser tirer sans réagir jusque dans les écuries.

 

Aux écuries ils étaient attachés à un poteau, pattes liées, sans pouvoir se mouvoir et, sans être nourris et abreuvés. Ensuite, quand ils étaient jugés aptes à accepter leur domestication, il leur était donné des herbes qui font leur régal, et selon leur comportement, la parole suffisait aux uns pour accepter leur nouvelle condition tandis qu’une mélopée soutenue par les sons d’un tambourin étaient nécessaire pour amadouer les autres ?!....

 

Il est rare qu’un éléphant, en général de nature peu farouche, ne se laisse pas apprivoiser.

 

Photos : QGE 023 – 024 - 025

 

Photo 1 : Une mère et son éléphanteau tombés dans une fosse au sein de la forêt de Kuttampuzha située dans le Kerala en Inde (Photo de 1960)

Photo 2 : L’estampe n° 14 du graveur Jean Baptiste Pierre Tardieu (1746-1816) extraite de ‘’Illustrations de relation de l'ambassade anglaise‘’ éditée en 1800. Elle met en scène une chasse à courre, avec prise au lasso, dans les forêts du royaume d’Ava, une ancienne capitale Birmane près de Mandalay. (Gallica.Bnf.fr)

Photo 3 : Une capture par encerclement. (Photo prise entre 1860 et 910). 

 

 

3/ Capture par encerclement :

 

La capture par encerclement est dite au Cambodge : ‘’Kamphaeng tamri’’ ce qui se traduit par ‘’muraille-éléphants‘’.

 

La pratique de ce genre de capture consiste à construire une espèce de mur, ou palissade en forme de ‘’V‘’. Ensuite des rabatteurs font entrer des éléphants sauvages à l’intérieur de l’angle aigu formé par cette palissade. Puis très vite, un mur d’éléphants domestiqués, tous montés par un cornac, se forme entre les deux extrémités de ce ‘’V‘’. 

 

De ce fait les éléphants sauvages ne peuvent plus s’échapper de cette aire triangulaire, fermée sur ses trois côtés. C’est alors que commence la capture au lasso. Elle consiste, au moyen d’un nœud coulant, d’attraper l’une des pattes arrières d’un éléphant sauvage, de le ligoter et de le conduire aux écuries proches entre deux éléphants domestiqués. Ces derniers feront avancer leur prisonnier à coup de trompes si celui-ci se montre un tantinet récalcitrant. Ensuite viendra la domestication.

 

 

4.- La capture par harponnage :

 

La capture par harponnage est une des formes de la capture par encerclement. Elle se pratiquait (pratique ?) principalement au Cambodge, c’est-à-dire là où vivaient des éléphants de marais (ṭaṃri ranām), ou de roseaux (ṭaṃri traeṅ), ou encore d’eau (ṭaṃri dik) dont il a été fait une rapide présentation précédemment. 

 

Pour ce type de capture les chasseurs se déplaçaient au moyen de pirogues et harponnaient leurs gibiers aux oreilles. Le mot gibier semble particulièrement de circonstance car ces éléphants d’eau sont de constitution fragile, ce qui signifie qu’ils n’étaient pas chassés pour être domestiqués, mais ! ....

 

 

5/ Capture à l’enclos (Keddah). (1)

 

Cette capture à l’enclos est une sophistication ou une amélioration (?) de la capture par encerclement. Car l’enclos devient alors une espèce d’entonnoir. L’éléphant au lieu d’être capturé dans l’aire triangulaire fermée par le mur d’éléphants domestiqués, est poussé vers une porte. Cette dernière, située à la jonction des deux palissades s’ouvre sur un sas, ou une cage, d’environ huit mètres sur deux. Une fois à l’intérieur de ce piège, l’éléphant sauvage est dans l’impossibilité de se muer. Alors depuis l’extérieur de cette espèce de carcan il se fait ficeler et sera transporter vers des écuries où il serra … domestiqué.

 

Cette technique, dite ‘’Shan-Khedda‘’ mobilise environ six à dix hommes sans que la présence d’éléphants domestiqués soit nécessaire, sauf pour le transport de la victime vers les écuries. Cette technique, au XVIIIe siècle, a été reprise au Sri Lanka avec la création d’enclos stables et non plus démontables.

 

Une seconde méthode, copiée sur la précédente, consiste à faire entrer non plus un éléphant mais quelques éléphants, non plus dans un sas mais un petit enclos où ils seront alors ‘’amené à la raison‘’ pieds et corps liés à un poteau planté à l’intérieur du dit enclos.

 

Une troisième méthode, copiée là encore sur les deux précédentes, consiste à prendre au piège quelques éléphants dans un premier enclos de petite taille, puis de cet enclos de les faire entrer à tout de rôle dans un sas de huit mètres sur deux. Cette technique nécessite la présence d’une trentaine d’hommes et d’une dizaine de moniteurs. 

 

 

Enfin une quatrième méthode a conduit certains rois à construire un ‘’Khedda‘’ permanent pouvant couvrir quelques dix mille mètres carrés. Les plus connus sont ceux d’Ayutthaya au Siam (aujourd’hui la Thaïlande), de Kakanakote près de Mysore dans l’état de Karnataka au Sud/Ouest de l’Inde et, de Panamuré au Sri Lanka.

 

Ces Kheddas, de par leur importance requiert un personnel de plusieurs milliers d’aides et des dizaines de moniteurs.

 

(1) : Le mot ‘’Khedda‘’ ou ‘’Kheddah‘’ en Inde, sert à désigner un parc destiné à recevoir et contenir des éléphants sauvages qui eux sont appelés ‘’koomkées‘’. Au Sri Lanka cette enceinte en bois porte le nom de ‘’Kraal‘’.  

 

 

6/ La Capture initiée par le grand Moghol Akbar : (1542-1605)

 

Cette capture nécessite la participation de deux troupeaux domestiqués, l’un composé de femelles et l’autre de mâles. Ces derniers sont tous montés par un cornac, mais pas les femelles. 

 

Dans un premier temps, les troupeaux s’éloignent l’un de l’autre mais sans se perdre de vue. Les mâles forment un cercle tandis que, plus loin, les femelles restent en troupeaux et attendent que les rabatteurs leur envois quelques éléphants sauvages traqués avec force de bruit.

 

Lorsque tous les éléphants sauvages, affolés, ont intégré le troupeau d’éléphantes, où ils se sentent en sécurité, ces dernières s’en vont rejoindre le troupeau de mâles, suivies des éléphants sauvages qui s’y sont réfugiés et qui s’y sentent en sécurité. 

 

Tous vont entrer à l’intérieur du cercle formé par les mâles, que les femelles, dressées pour, vont quitter subrepticement laissant seuls les éléphants sauvages dans le cercle des mâles où ils vont se faire prendre.

 

Le grand Moghol Akbar, l’auteur de ‘’Ayeen Akbery‘’, or ‘’The Institutes of the Emperor Akber‘’, déjà cité, entretenait … 6.000 éléphants ?!...  

 

 

7/ La Capture pratiquée par les coloniaux Belges :

 

Les belges ont mis au point un art de capture qui leur a été propre, après avoir essayé quelques techniques asiatiques, vite abandonnées.

 

Ces coloniaux, pour réduire les risques, ciblaient les jeunes éléphanteaux dont la hauteur variait entre un mètre cinquante et un mètre quatre-vingt.

 

Chaque équipe de capture comptait onze hommes. La chasse commençait par une battue, et lorsque qu’un jeune éléphant correspondant aux normes était aperçu, ces hommes se lançaient, à sa poursuite … à pied. En cours de course, l’animal était pris en tenaille par ses poursuivants, renversé, liés et puis transporté au centre de domestication.

 

Pour éloigner les éléphants adultes venant secourir l’infortuné éléphanteau des coups de feu étaient tirés.

 

Au dire des Belges, cette technique donna de bons résultats. Ainsi en 1924 (1) Le commandant Magnette, nouveau responsable d’Api, et ses adjoints Messieurs Michel Vermeesch et Henrotin rapportent que leurs éléphants transportèrent ‘’32.655 tonnes/kilométriques‘’ et qu’ainsi 523 hommes ont été exonéré de 65.310 jours de corvée de portage. 

 

(1) Le commandant Jules-Henri Laplume (1866-1929) n’assurait plus le commandement du centre d’Api en 1924. Il avait été remplacé par le Commandant Magnette. 

 

 

Nota bene : Ce qui n’a pas été dit concernant ces différentes captures c’est qu’elles faisaient toutes l’objet de nombreuses pertes : éléphants blessés, mort de faim ou de soif, préférant mourir plutôt que d’accepter la domestication, éléphanteau incapable de survivre sans mère … etcetera … etcetera …

Mais la capture, malgré ses ‘’pertes‘’, dispense de l’élevage qui demande trop de temps et trop d’argent (nourriture et entretien). D’après les spécialistes, mieux vaut capturer un éléphant âgé d’une vingtaine d’années, c’est-à-dire dans la force de l’âge, et le faire travailler jusqu’à ses quarante ans.   

   

 

Photos : QGE 026 – 027 – 028

 

Photo 1 : Une gravure ‘’Des éléphants conduits dans un Keddah‘’

Photo 2 :

Photo 3 : 

Samuel Howitt - Oriental Field Sports, Vol. I, by Thomas Williamson, 1808. Drawn by Thomas Williamson & Samuel Howitt.

 

Khedda est un mot dans la langue hindi signifiant un «fossé»,

Elephant training ground, Ayuthia, Siam.   1865-1866 เพนียดคล้องช้างที่อยุธยา - ผู้เขียน

 

En Thaïlande, après sa capture l’éléphant est l’objet d’un rituel qui porte le nom de "Phajaan" ou "Phachan" (พิธีกรรม "ผ่าจ้าน"). Le mot Pha (ผ่า) signifie : couper, fendre, inciser, ouvrir, tailler et trancher ; et l'adverbe Jan ou chan (จ้าน) se traduit par beaucoup et très. 

 

Ce rituel Il s'agit en fait de soumettre l'animal à la volonté humaine, et pour cela tous les moyens sont bons, y compris les pires, à savoir la torture.

 

L’éléphant sauvage, y compris les éléphanteaux retirés à leur mère, est coincé et enchaîné dans une espèce de cage ou il ne peut faire le moindre mouvement. Il va y rester pendant une bonne semaine sans boire ni manger et ni dormir. Parallèlement à cet état de mise en condition de dépendance la plus abjecte, les mahous se relaient pour le frapper au moyen de leur "bulhook" et de lui trouer la peau aux endroits les plus fragiles, comme la tête, les articulations, jusqu'à atteindre l'os et rendre la douleur insoutenable. La trompe et les pattes sont elles aussi frappées en permanence au moyen d'une batte. 

 

Bref !... Ce traitement abruti et traumatise l'éléphant qui devient un véritable zombi craignant son mahout. 

 

Autrement écrit, en fait d'apprivoisement l'animal n'est plus 

 

 

Les différents usages de l’éléphant :

 

- Un aliment 

- Un moyen de transport

- Un animal de guerre

- Un bourreau.

- Une bête de somme.

- Un phénomène de spectacles

- Un cadeau princier. 

- Une monture princière.

- Un porte bonheur.

 

 

L’éléphant en tant que ressources alimentaires :

 

C’est surtout en terre Africaine et en Abyssinie, aujourd’hui l’Ethiopie que j’ai trouvé des informations concernant l’éléphant en tant que ressources alimentaires pour l’homme. Mais les Hottentots, les Bosjesmans et ensuite les Boors du Cap, en Afrique du Sud se nourrissaient, eux-aussi de la chair des éléphants.  

 

En Abyssinie, les quatre pieds et la trompe (100 kilos de chair sans os) constituaient les parties les plus délicates de l’animal.

La graisse était récupérée pour servir en cuisine, et le restant de la viande était ‘’boucané‘’ c’est-à-dire découpé en fine lanières et séché sous les rayons du soleil. Lorsque le soleil faisait défaut un feu de braise le remplaçait. Cette transformation permettait de conserver cette viande pendant plusieurs mois pour une consommation à long terme.

 

Outre l’aspect alimentaire, il était détaché du dessous de la peau un épiderme mou et flexible dont ces hommes se servaient pour confectionner des outres et des sceaux.

 

Avec la peau, dont l’épaisseur est de 6 centimètres aux tempes et sur la tête et de 4 centimètres à la croupe, il était fabriqué des boucliers de qualité, résistant aux flèches et aux balles … du XVIIIe siècle.

 

 

 

L’éléphant en tant que moyen de transport :

 

Le tra

 

 

 

 

Lord Charles Edward Cornwallis (1738-1805) commandant l’armée anglaise bataillant dans le Mysore en Inde, courant 1790-1791 utilisait 200 éléphants pour le transport 

Lord William Henry Bentink (1774-1839) Gouverneur général de l’Inde de 1833 à 1835 faisait ses tournées d’inspection accompagné de 1.300 chameaux et 103 éléphants. 

 

 

L’éléphant en tant qu’animal de guerre :

 

En inde :

 

L’éléphant de guerre aurait vu le jour sur le sous-continent indien, et aurait figuré dans toutes les grandes batailles d’alors. La grande épopée du Mahābhārata en fait état. 

 

Pour les anciens l’armée idéale devait être constituée de gulmas ou formations militaires réparties en sept ‘’pattis‘’ constitué de 45 hommes, 27 chevaux, 9 éléphants et 9 chars d’assauts.

 

Comme il ne fait aucun doute qu’en Inde l’éléphant a été un animal de guerre, voyons comment il est arrivé en Europe. 

 

Entre l’Asie et l’Europe :

 

Il est fait état de l’éléphant de guerre pour la première fois au IVe siècle av. J.-C. à l’occasion de la bataille de Gaugamèles où se sont affrontés Alexandre le Grand (356-335-323 av. J.-C.) et Darius III Codoman le roi des Perses (381-336-330 av. J.-C). (1)

 

Lors de cette bataille en octobre 331 av. J.-C. les grecs et les macédoniens se trouvent pour la première fois face à une quinzaine d’éléphants de guerre venant de provinces indiennes dites satrapies indiennes. (2) Les Perses malgré leurs éléphants seront défaits.

 

Quelques années plus tard, en Juillet 326 av. J.-C sur les bords de l'Hydaspe, c’est le roi Pôros (3) qui avec 200 éléphants se trouve face à Alexandre. Une fois encore Alexandre l’emportera. Les éléphants du roi Pôros étaient alors montés par un cornac et un archer. 

 

Alexandre va ramener à Babylone bon nombre de ces éléphants y compris leurs cornacs, tant pour rehausser le lustre de ses cérémonies que pour les employer lors de ses batailles à venir mais, sans chercher à innover les techniques de son ancien adversaire. 

 

Dans un premier temps donc, les éléphants servirent à affaiblir les fortifications ennemies, voire à endommager le haut de leurs remparts car le soldat porté par l’éléphant était à bonne hauteur. Ils participaient aussi aux travaux relatifs aux sièges, à neutraliser la cavalerie et les éléphants adverses et perçaient les lignes ennemies. Enfin, leur présence n’était pas sans impressionner le camp adverse ?!....

 

En 305 av. J.C, de nouveaux éléphants, dits Gangétiques parce que originaires de la vallée du Gange entrent en scène. Le roi de Syrie Séleucos Ier (358-305-281 av. J.-C) (4) en reçoit 500 du roi Chandra Gupta Maurya (340-298 av. J.-C) fondateur de la dynastie des Maurya et … grand-père du fameux Ashoka (272/268–232 av. J.-C).

 

La bataille de Gaza en 312 av. J.-C, sera la dernière où apparaitront les éléphants Gandhariens que vont remplacer ceux du roi Chandra Gupta Maurya.

 

En 318 av. J.-C, lors du siège de Mégalopolis, une ville grecque, le général des mégalopolitains, Damis, un vétéran d’Alexandre, qui ensuite sera imité par d’autres chefs de guerre, y compris parmi ses ennemis, va fragiliser ce type d’utilisation en immobilisant les pachydermes au moyen de madriers hérissés de clous, que dissimulaient des feuillages.

 

Les éléphants, dont les pieds sont très fragiles, avait alors la tâche d’enfoncer les portes de Mégalopolis. Du fait de ces madriers leur action fut un échec. 

 

Parallèlement il apparut qu’il était aussi aisé de les neutraliser au moyen de chausse-trappes, en les attaquant sur les flancs et non de face, et en éliminant leur cornac.

 

Pour ces raisons les éléphants cessèrent d’être utilisé pour mettre à mal des remparts et enfoncer des portes.

 

En 312 par exemple, Ptolémée Ier, (368/66-283 av. J.-C) satrape d’Egypte débarque à Gaza en Syrie sans aucun éléphant et bat son adversaire Démétrios Ier Poliorcète (337-283 av. J.-C) qui lui, en aligne 43, tous périront.

 

 

(1) L’empire Perse s’étendait, grosse modo, à cette époque, entre la Grèce et le Nord-Ouest de L’Inde.

(2) Une ‘’satrapie‘’ était une division administrative de l’empire Achéménide, à savoir le premier empire Perse. A la tête d’une ‘’satrapie‘’ se trouvait un ‘’satrape‘’. L’inde du nord-ouest était donc divisée en … satrapies. Pôros se trouvait à la tête de l’une de ces satrapies.

(3) Pôros en grec et Porus en latin, était le roi du royaume indien des Paurava, une satrapie de l’empire Perse, c’est-à-dire un roi tributaire de Darius Codoman. Ce royaume de Paurava se situait dans ce qui est aujourd’hui le Panjâb Pakistanais, au nord-Ouest de l’Inde.

(4) Séleucos Ier Nicator en grec et Séleucus en latin, ancien général d’Alexandre le Grand, deviendra roi de Syrie et sera le fondateur de la dynastie des Séleucides.

 

 

 

Des éléphants foulent, pour la première fois, le sol européen :

 

C’est aussi à partir de 305 av. J.-C que les occidentaux vont mettre en œuvre des techniques qui vont faire des éléphants de véritables auxiliaires de guerre. C’est aussi à cette époque que va apparaître le soldat ‘’cataphractes‘’ c’est-à-dire un soldat recouvert d’une espèce de carapace hérissée de pointes qui approchait les éléphants avec un ‘’contus‘’ ou un ‘’pilum‘’ pour les blesser au ventre ou aux aisselles. Alors que les éléphants ne pouvaient ni frapper ni enlever avec leurs trompes un ‘’cataphractes‘’ sans se blesser grièvement.

 

Les éléphants d’Inde dits Gangétiques (1) avaient la réputation d’être plus haut et plus féroces que ceux du Pendjab. Le diplomate Mégasthène, dont nous avons déjà parlé, rapporte à leur sujet qu’ils étaient montés en plus du cornac de trois archers. Ce qui signifie qu’à cette époque les tours que vont porter à l’avenir les éléphants n’existaient pas encore. Mais leur apparition n’allait pas tarder !...

 

En 281 av. J.-C, … vingt … ‘’vaches Lucaniennes‘’ ou ‘’bœufs Lucaniens‘’ (2) c’est-à-dire vingt éléphants débarquent pour la première fois dans le monde Romain, très exactement à Héraclée en Italie, une petite ville située sur le bord du golfe de Tarente, qui aujourd’hui porte le nom de Policoro. 

 

Le roi d’Epire, Pyrrhus Ier (318-272 av. J.-C) répondait alors à l’aide que lui demandait la ville de Tarente, car les romains venaient rappeler au Tarentais qu’ils devaient respecter leurs obligations vis-à-vis de Rome. Ce qu’ils n’avaient manifestement pas fait, et pas l’intention de faire ?!...

 

Pour livrer batailles aux romains, Pyrrhus équipa ses éléphants d’une tour quadrangulaire occupée par deux archers. (3)

 

Quelques années plus tard, en 275/4 av. J.-C, c’est Antiochos Ier dit Sôter (le sauveur) (roi de Syrie de 280 à 261 av J.-C, (4) qui lors de la bataille des éléphants contre les Galates, dota ses 16 éléphants de … tours, ce qui lui aurait valu la victoire.

 

 

(1) La dynastie des Nanda (343-321 av. J.-C) régnait alors à la tête d’un empire qui à son apogée couvrait toute la vallée du Gange, au nord de l’Inde. Les Nanda auraient été en possession de 6.000 éléphants de guerre. La dynastie des Maurya (321-185 av. J.-C) leur succédera.

(2) En 280 av. J.-C les italiens n’avaient jamais vu d’éléphants. Comme ces derniers avaient débarqué en Lucanie, que leurs défenses pouvaient s’apparenter à des cornes ils furent identifiés comme étant des … ‘’vaches Lucaniennes‘’. Les grecs de leur côté firent de même en découvrant l’hippopotame qu’ils baptisèrent … ‘’le cheval de rivière‘’ et les Romains, tout aussi observateur firent de la girafe … ‘’une brebis sauvage‘’ ?!...

(3) Concernant Héraclée, Pline l’ancien (23-79) écrit dans son ‘’histoire Naturelle‘’ Livre VIII-9 que les Romains, commandés par Manius Curius Dentatus (mort en 270 av. J.-C), d’abord désorientés par les éléphants, trouvèrent différents moyens pour les effrayer. Le plus radical aurait été d’envoyer en direction des éléphants des porcs, préalablement enduits d’huile d’Olive et ensuite transformés en torches vivantes. Par la suite, les porcs n’avaient plus qu’à hurler, sans subir le supplice des flammes, pour affoler les éléphants. Par la suite, le feu fut l’un des meilleurs moyens pour effrayer les éléphants.  

(4) Antiochos Ier dit Sôter (le sauveur) était le fils Séleucos Ier Nicator, ancien général d’Alexandre et roi de Syrie, qui reçut 500 éléphants Gangétiques du roi Indien Chandra Gupta Maurya.

 

 

Chacun connaît l’épopée des trente-sept éléphants d’Hannibal Barca (247-183/81 av. J.-C), partis à quarante, qui vont écraser les Romains près de la Trébie en 218 av. J.-C, et mourir les uns après les autres en traversant les Alpes en raison du froid. A Zama, en 202 av. J-C, Hannibal Barca, contre Scipion dit l’Africain (236-183 av. J.-C), connaîtra une nouvelle défaite malgré ses quatre-vingt pachydermes.

 

A la suite de cette bataille (1) les Romains vont apprendre de leurs alliés Numides comment tirer parti des éléphants d’Afrique du Nord. Car contrairement à ses prédécesseurs les éléphants d’Hannibal Barca ne venaient pas d’Asie, mais d’Afrique du Nord. Leur taille, apparemment un peu plus petite que les éléphants Gangarides, ne devait pas permettre l’installation de tour sur leur dos, contrairement à ce que montrent maintes et maintes gravures. 

 

En 217 av. J.-C à la bataille de Raphia, appelée aussi bataille de Gaza, Ptolémée IV Philopator, (245-204 av. J.-C) roi et pharaon d'Egypte et Antiochus III (241-187 av. J.-C), à la tête de l'empire grec syro-iranien se font face. Le premier a des éléphants d’Afrique et le second d’Asie. Ces derniers mirent en déroute les éléphants d’Afrique qui aujourd’hui ont totalement disparu. Ce fut la première fois que ces deux espèces se trouvèrent face à face ?!...

 

 

César, lors de la conquête de la Gaule (52 av. J.-C) aurait trouvé un excellent auxiliaire en la présence des éléphants. Il aurait même – dit-on – fait traverser la Manche à un éléphant pour impressionner les ‘’Bretons‘’ (anglais). Déjà, bien avant lui, en Août 121 av. J.-C !...

 

En Gaule (France) du côté de ‘’Vindalium‘’ un lieudit au confluent du Rhône et de la Sorgue, les Arvernes commandés par Bituit (Bituitus Bituitos, ou Bétultus) furent battus par les légions Romaines de Gnaeus Domitius Ahenobarbus. (Mort en 88 av. J.-C) (2) La raison de cette défaite fut causée par la présence d’éléphants dans les rangs Romains. Les pachydermes écrasèrent les Gaulois et leurs alliés, les Allobroges et les Rutènes (?) … qui n’avaient encore jamais vus d’éléphants.

 

Quelques temps plus tard, au confluent du Rhône et de l’Isère, un autre épisode du même genre se reproduisit avec le proconsul Quintus Fabius Maximus à la tête des Romains. Là encore les éléphants mirent en déroute les Gaulois et leurs alliés.   

 

 

La bataille de Thapsus, en 46 av. J-C, qui opposa César à Pompée sera la dernière des rencontres armées dans le bassin méditerranéen, avec la participation d’éléphants. (3) Et en 193 l’éléphant aura disparu des armées occidentales.

 

 

(1) D’après l’historien grec Appien d’Alexandrie (mort vers 161 après J-C) à la bataille de Zama, Scipion l’Africain avait déjà ordonné à ses soldats de couper les jarrets des éléphants d’Hannibal. Les Ethiopiens employaient ce procédé depuis la plus haute antiquité pour chasser les éléphants.

(2) Les Romains cherchaient alors à relier le Nord de l’Italie avec l’Espagne via le sud de la France. Certains historiens attribuent la capture de Bituit à Gnaeus Domitius Ahenobarbus et d’autres à Quintus Fabius Maximus ?... 

(3) Lors de la bataille de Thapsus, César fera donner aux soldats de sa cinquième légion des haches avec l’ordre de trancher les jarrets des 60 éléphants de Pompée. Cette méthode n’est pas sans rappeler celle des ‘’agagéers‘’ ou coupe-jarret Abyssiniens dont parlait l’explorateur écossais James Bruce. César lors de cette rencontre n’avait pas d’éléphant.

 

 

En Chine :

 

En Chine au cours du VIe siècle av. J.-C, lors de la période dites des ‘’Royaumes combattants‘’ les Wu () et les Chu (楚國) se harcelaient sans discontinuer, avec à leur côté des troupes … d’éléphants.

 

Ces Chinois auraient-il abusé de la capture des pachydermes ?... Toujours est-il que la disparition des hardes d’éléphants sauvages dans le sud de la Chine mit fin à leur emploi dans les armées Chinoises.

 

Seize siècles plus tard environ, conformément à la grande tradition des luttes fratricides Chinoises, deux nouvelles dynasties s’affrontent, les Song du Sud (960-1279) et les Han du Sud (917-971). Ces derniers se croient invulnérables grâce à leur corps d’éléphants de guerre. Mais le 23 Janvier 971 les Song au moyen de traits enflammés désorganisent et portent un coup fatal à ce corps d’exception. Ce désastre Han, aura été la dernière occasion de voir des éléphants dans une armée Chinoises.

 

 

Au XIIIe siècle, un train d’éléphants va réapparaitre dans les armées de la dynastie des Yuan fondé par Kubilaï Khan (1215-1294), le petit fils de Gengis Khan.

 

Tout commença en 1271 par un retournement d’alliance. Le ‘’Caraiam‘’, une province de la Tartarie d’antan, venait de tourner le dos à la Birmanie pour se mettre sous la protection Chinoise du Grand Khan. Cette … trahison eût l’art de déplaire au roi Birman Narasîhapati qui, pour punir la région félonne prit la tête de 60.000 hommes et de … 2.000 éléphants.

 

Pour porter secours à son nouveau vassal Kubilaï Khan lui envoya … 18.000 cavaliers commandés par le Tartare Nescordim ou Nestardin selon les auteurs. (1) A la vue des éléphants, les chevaux de l’armée Chinoise Tartare furent terrorisés. Alors mettant pied à terre les soldats Tartares semèrent la panique parmi les éléphants Birmans qui mirent à mal leurs propres troupes qui n’eurent d’autre choix que celui de fuir pour ne pas être exterminées ; avec l’aide de prisonniers Birmans 200 éléphants furent … ‘’rattrapés’ et expédiés à Kubilaï Khan qui, satisfait de cette prise, créa alors un train d’éléphants dans son armée.

 

(1) Cette bataille que relate, entre autres, Marco Polo dans son livre des merveilles – tome II, d’après des ‘’ouï-dire’’ et non en tant que témoin oculaire, porte le nom de Bataille de Ngasaunggyan. Cette bataille se déroula courant 1277 et fit de la Birmanie une annexion Chinoise.

 

 

En Indochine entre 1650 et 1750, les rois de Cochinchine et du Tonkin (Vietnam) entretenaient 8.000 éléphant de guerre. Et en 1800 ils en comptabilisaient encore … plus de 3.000.

 

 

La protection et l’armement des éléphants :

 

Pour protéger les éléphants et les rendre encore plus dangereux un équipement de guerre s’est développé, principalement en Asie. C’est ainsi que des plaques de fer sont venues couvrir les flancs et la tête des animaux, et qu’apparurent des cuirasses hérissées de pointes.

 

Leurs défenses étaient aussi équipées ; tantôt de pointes d’acier, d’épées, de cimeterres ou de poignards empoisonnés. Certains chefs de guerre avaient même réussi à armer la trompe de leurs éléphants avec un sabre ou une faux, dont les pachydermes se servaient – paraît-il - avec une dextérité à couper … le souffle et la tête des ennemis.

 

Ainsi caparaçonnés, et juste avant de partir à l’assaut, les éléphants étaient drogués au moyen d’un breuvage provenant de la fermentation de riz et de la canne à sucre. A Ceylan c’était l’opium qui servait d’excitant.

 

En conclusion : 

 

L’apparition des armes à feu va effrayer les éléphants et transformer leur participation au sein des armées. Ils ne serviront plus à percer et à attaquer les lignes ennemies, mais à transporter le matériel de guerre nécessaire aux troupes et à les aider en leur indiquant les meilleures solutions pour traverser des zones difficilement praticables.

 

La copie du club de la «plaque d'éléphant romain» représente un éléphant avec mahout et veau, et a été trouvé à Capena, la nécropole de Le Macchie, tombe 233, et maintenant dans le Musée étrusque national à Villa Giulia. Cette plaque peut avoir appartenu à une série créée pour célébrer le triomphe en 275 avant JC du célèbre général romain Curius Dentatus sur le roi Pyrrhus d'Épire, qui avait d'abord apporté des éléphants en Italie pour une utilisation dans la guerre contre les Romains. 

 

 

 

L’éléphant en tant que bourreau :

 

Quand il s’agit de mettre à mort un quidam ses contemporains n’ont jamais été à court d’idées. Au cours des âges et encore maintenant il y a eu ou il y a … l’arène avec ses fauves, le bûcher, la chaise électrique, la chambre à gaz, la crucifixion, la décapitation, l’empalement la flagellation, le Garrot, la lapidation, le peloton d’exécution, la pendaison … j’en oublie et non des moindres … vraisemblablement ?!...

 

En Asie, la vie d’un condamné dépend, non pas d’un bourreau mais d’un éléphant qui a été dressé tout spécialement pour les exécutions, dont les variantes vont d’une mort très lente à une mort fulgurante. L’éléphant ne faisant qu’exécuter les ordres qui lui étaient donnés son maître. 

 

Ces exécutions pouvaient être collectives ou individuelles.

 

 

Les exécutions collectives :

 

Les occidentaux n’ont pas été les derniers à avoir eu recourt à ce type d’exécution, pour en finir avec les criminels, les déserteurs, et les prisonniers de guerre. 

 

Ainsi le Grec Perdiccas (355-321/20 av. J.-C), un général d’Alexandre fit fouler aux pieds 300 Macédoniens qui avait eu l’audace de se révolter.

 

Hannibal, lui aussi, n’était pas le dernier à confier à ses éléphants le soin de mettre un terme à la carrière des soldats Romains faits prisonniers.

 

En Juin 168 av. J-C, le général Romain Lucius Aemilius Paullus, vainqueur du Macédonien Persée, envoya sous les pas de ses éléphants tous les déserteurs Romains qu’il trouva dans le camp de son ennemi.

 

Comme les exemples sont nombreux nous en resterons là.

 

 

Les exécutions individuelles :

 

Durant des siècles, peut-être même depuis sa domestication, l’éléphant a été un bourreau exemplaire qui tuait selon les ordres que lui donnait son maître. Il avait été dressé pour tuer les condamnés selon des normes bien précises, car une mise à mort pouvait être brève ou s’éterniser sur plusieurs jours, selon les caprices du donneur d’ordre.

 

En Birmanie,

Pour punir ‘’leurs‘’ coupables les Birmans se référaient à un ouvrage rédigé en Pāli et titré : ‘’Manou Dharma sastra‘’. Ce livre était une reprise ‘’à la mode birmane‘’ des lois indiennes dites ‘’loi de Manou‘’ ou ‘’Menu‘’.

Il s’agit d’un véritable … ‘’catalogue de délits‘’ dont chacun d’eux est suivi d’un commentaire explicatif et de la condamnation dont il fait l’objet. Certaines de ces dernières étaient passibles d’une mort particulière exécutée avec le concours d’un éléphant.

 

Quelques rois Birmans ont perdu la vie par accident, en étant piétiné par un éléphant. Ce fut le cas du roi Uzana (1213-1251-1254), et Minye Kyawswa (1391-1407-1417). Quant au roi Razadarit d’Hanthawaddy ou Rajadhirat (1368-1384-1421) il perdit la vie lors d’une capture d’éléphants au lasso en s’empêtrant dans les cordes

     

Mais comme disent les Birmans, être tué ou victime d’un éléphant est une grâce accordée par le Bouddha. De ce fait les victimes des éléphants n’ont pas lieu de se plaindre ? ..... D’autant qu’elles ne sont plus dans la possibilité de le faire !...

 

Au Cambodge, c’étaient les éléphants royaux qui avaient la charge de supplicier les criminels. La victime pouvait mourir en étant broyée sous les pieds de l’animal ou être empalée par une ou les deux défenses de l’animal. L’empalement était une manière de recevoir la victime que l’éléphant au moyen de sa trompe avait au préalable lancé dans les airs. La fin de l’empalement se terminait lui aussi par un piétinement en bonne et due forme.

 

A Ceylan, en 1681 l’anglais Robert Knox (1641-1720) raconte comment le condamné était d’abord empalé sur l’une des défenses 

 

En Inde, au IIe siècle av. J.-C, les anciennes lois de Manu, le grand législateur Indien, préconisaient l’exécution par éléphant pour un certain nombre de délits. (*) 

 

Au XVIIIe siècle, dans la principauté de Baroda, aujourd’hui l’un des états de la fédération Indienne, le condamné, pieds et mains liés, était relié au niveau de la ceinture à une patte arrière de son bourreau avec un mou d’un ou deux mètres. Ensuite, l’éléphant était lancé à grand trot à travers les rues de la ville. Au retour de l’animal il était présenté un verre d’eau à l’écharpé vif dont la tête allait être posée sur un billot et écrasée par une patte avant de son bourreau. 

 

Au XVIIIe et XIXe siècle, les cours musulmanes utilisèrent cette méthode très couramment. Mais l’arrivée des britanniques et leur expansion sur le sous-continent Indien va entraîner le déclin de ce mode d’exécution.

La dernière exécution par éléphant de connue, en Inde, aurait eu lieu à Bīkaner, une ville du Rajasthan ; un état du Nord-Ouest de l’Inde dont Jaipur est la capitale.  

Cette exécution date de 1947 et aurait été le fait d’un certain ‘’Hawai‘’ pesant quelques huit tonnes et qui, sous la domination Britannique aurait mis à mort cent cinquante personnes, qualifiés tantôt de voleurs et tantôt de meurtrier.

(*) Dans l’Hindouisme, Manou ou Menu est considéré comme étant le père de l’humanité, c’est-à-dire le premier homme. C’est lui qui aurait rédigé cet ouvrage en 19 livres que les Indiens appellent ‘’Mānava Dharma Shastra‘’. En fait ce code serait l’œuvre de plusieurs brahmanes.   

 

Au siam les éléphants se saisissaient des condamnés, les lançaient en l’air puis finissaient par les piétiner. Ce mode d’exécution visait à punir les fraudeurs vis-à-vis de l’impôt, les rebelles et les soldats ennemis.

 

 

 

Le Capitaine Alexander Hamilton décrit, en 1727, comment l’empereur moghol Shah Jahan ordonne que son commandant militaire soit « amené au Jardin des Eléphants, afin d’être exécuté là-bas par un éléphant, ce qui était considéré comme une mort terrible et honteuse ». Humayun et Jahangir ont également ordonné ce type d’exécution. 

 

Photo : ‘’Un condamné exécuté par un éléphant à Baroda ‘’ un dessin de Emile Antoine Bayard (1837-1891) paru dans ‘’L’Inde des rajahs – voyage dans l’Inde centrale‘’ de Louis Rousselet (1845-1929) – 2ème édition de 1877 – page 137  

 

L’éléphant en tant que bête de somme :

 

 

 

L’éléphant en tant que phénomène de spectacle :

 

 

 

 

L’éléphant en tant que cadeau princier :

 

De tous temps et en tous lieux nombre de monarques ont possédé une petite ménagerie. Cette dernière était l’occasion de pouvoir exhiber quelques animaux exotiques, lors de visite ou de processions particulières, dans le but de rehausser le prestige et le pouvoir du souverain en question, aux yeux de son peuple. Car la gloire impériale passait aussi par le nombre d’éléphants ou de … ‘’pardus‘’ (Léopards et Panthères) que pouvait posséder un monarque ?!... 

 

Plus un roi a d’animaux sauvages, de grands prédateurs, et plus il impose 

 

De ce fait, l’animal exotique était devenu un cadeau diplomatique, offert en toute amitié, mais … pas toujours sans arrières pensées, ou désintéressements ?!...

 

Quelques un de ces … ‘’cadeaux‘’ diplomatiques en rapport avec la France :

Rappel : En 120 av. J.C, le proconsul en Gaule transalpine, Gnaeus Domitius Ahenobarbus. (Avant 160 av. J.-C - 88 av. J.-C), pour bien montrer sa grandeur marchait à la tête de ses troupes à dos d’éléphant.

En 801 Harun-al-Raschid (763 ou 766 - 809) calife de Bagdad, à l’occasion d’une ambassade offre un éléphant à l’empereur Charlemagne. L’éléphant, ‘’Abul Abbas‘’, alors âgé d’une quarantaine d’années débarqua à Marseille, vécut 8/9 ans à Aix-la-Chapelle où il s’éteignit d’une pneumonie.

En 1229 Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) surnomé Stupor Mundi  la merveille du monde l’empereur germaniquerentre de sa croisade avec un éléphant.

En 1252, lors de la septième croisade (1248-1254), le sultan mamelouk d’Egypte Aybak (1250-1257) scelle une alliance avec Louis IX dit Saint Louis (1214-1270). A cette occasion le sultan offre un éléphant au roi Français en souvenir de celui offert à Charlemagne 450 ans plus tôt. L’animal, depuis la Syrie, fera partie du retour royal.

En 1255, Louis IX, offre cet éléphant à son homologue anglais, et beau-frère, Henri III (1207-1272) avec qui il vient de fêter la Noël à Paris. Ce sera l’occasion de renouveler les trêves entre français et anglais.

 

- 1412, le duc Jean Ier de bourgogne dit Jean sans peur (1371-1419) offre à son oncle Jean de France duc de Berry (1340-1416), commanditaire du livre d’heures portant son nom, un éléphant à Dijon. .

-1514 Emmanuel Ier (1469-1521) roi du Portugal, offre un éléphant blanc (1510-1516) nommé ‘’Hanno‘’ au pape Léon X (1475-1521) pour son couronnement. Hanno décèdera deux ans plus tard des suites d’une constipation soignée.

- 1668, le roi Pierre II du Portugal (1648-1708) envoie un éléphant du Congo de 4 ans qui mourut à 17 ans, au roi Louis XIV (1643-1715).. 

- 1687 le roi du Siam offrit trois crocodiles à Louis XIV.

 

L’éléphant en tant que monture princière :

 

 

L’éléphant en tant que porte bonheur :

 

 

 

 

  

 

L’éléphant ne peut tout simplement plus bouger quoi que ce soit, peine à poser ses pattes au sol, n’a plus d’appui, plus de sens, plus d’instinct. Il est obligé de devenir docile, de laisser ses tortionnaires faire de lui ce qu’ils veulent. Traumatisé, il perd toute notion de liberté, d’envie, et L’éléphant en tant que bourreau :

apprend plus que tout à craindre l’homme. Il se soumet, endolori, ivre de peur et d’angoisse face à ses tortionnaires et donc, face à l’Homme. Évidemment, c’est plus facile d’exercer la pratique sur des éléphanteaux retirés très vite à leur mère. On évite plus d’opposition, plus de force, plus de difficulté et le jeune éléphant est forcément plus malléable. C’est tellement plus drôle quand c’est simple. .et la croissance de son éléphanteau est lente et le bambin ne pourra prendre du service qu’à partir d’une quinzaine d’années. deviendra , la nourriture d’un individu revient cher et ... et l’inconstance fréquente du caractère des mâles n’est pas sans risque. Autrement écrit, la capture d’un éléphant est beaucoup moins coûteuse que son élevage.

 

 

Elephant blanc = chang samkhan, qui se traduit réellement par «éléphant auspicious».

Les élégants éléphants de la Thaïlande ont été conservés il y a 30 ans à l'étroit dans le palais de Chitralada à Bangkok, mais maintenant chacun a son propre jour vert et aéré et un opulente étable où il est pris tous les soirs. (Ci-dessus se trouvent deux photos de Wanpen, Thongsuk, Sawetsawilat, Sawetsurakasin, Yodphet et Khwanmeuang).

 

 

 

 

La capture d’éléphant ในค่าย “ฝึกหัด camp de formation

 

 

 

 

พิธีกรรม "ผ่าจ้าน" rituel phachan

 

Gravure tirée de Relation ou Voyage de l'Isle de Ceylan, dans les Indes Orientales par Robert Knox (1693).

L’origine du phajaan vient de la croyance ancestrale que l’on peut séparer l’esprit d’un éléphant de son corps afin qu’il perde ses réflexes et son instinct naturel sauvage et être complètement sous le contrôle de l’homme. Cette pratique n’est rien d’autre que de la torture poussée jusqu’au point où l’éléphant accepterait n’importe quoi pour ne plus revivre ce moment traumatisant. On instaure dans leurs mémoires une peur irréversible de l’homme.

 

Rama III - Nang Klao Chaoyuhua 1824-1851 6 éléphants blancs en 1830

 

 

 

L’éléphant comme cadeau princier :



01/11/2017
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